Cadeau de l’avent

Pour le mois de décembre, j’ai envie de vous offrir un petit cadeau de l’avent. Chaque jour de décembre, jusqu’à Noël, je vous présenterai un livre de ma bibliothèque. Peut-être un roman que j’ai aimé, peut-être un livre de référence qui m’est particulièrement utile, vous verrez. Toujours est-il que la lecture est le nerf de la guerre!

Cadeau de l’avent du 1er décembre :

« Écrire et publier au Québec : Les littératures de l’imaginaire », Collectif de Geneviève Blouin, Isabelle Lauzon et Carl Rocheleau, Éditions Les Six Brumes, 2017, 279 pages.

On est vendredi, l’heure de ma capsule habituelle. Restons dans le thème. J’ai participé à cet ouvrage collectif en donnant mon avis sur une série de questions. Le livre présente les différentes étapes pour mener à une publication, il s’adresse donc à toute personne qui désire se mettre à l’écriture. Il touche à tous les aspects de l’édition au sens large, même si certaines sections auraient mérité plus de profondeur.

Extrait : « La révision linguistique est une correction de détails. Elle s’occupe de polir le texte d’un point de vue linguistique. Elle traque les fautes, les coquilles, les anglicismes, les calques de l’anglais, les impropriétés (parce que oui, même après le passage du directeur littéraire, il en reste, surtout si vous avez dû réécrire plusieurs pages en hâte). […] Habituellement, les corrections restent cantonnées à l’intérieur des phrases. Le réviseur linguistique est le dernier rempart entre l’écrivain et des fautes gênantes d’orthographe ou de syntaxe. » (page 183)

Cadeau de l’avent du 2 décembre :

« Le Seigneur des anneaux », Roman de fantasy de J. R. R. Tolkien, 3 tomes, environ 1500 pages.

J’ai lu cette trilogie bien avant que les livres soient portés à l’écran. Quelle histoire! Ce petit Hobbit qui part loin de chez lui pour accomplir une quête qui lui apparait bien plus grande que lui. Il affrontera ses propres noirceurs, mais aussi les ténèbres du monde. (Wow! C’est dramatique!) Tolkien a une plume parfois lourde, mais ô combien vivante et diversifiée. À lire!

Extrait : « L’Anneau parut grandir tandis qu’il restait un moment dans la large main brune. Tom le porta soudain à son œil et rit. Pendant une seconde, les Hobbits eurent une vision, en même temps comique et alarmante, de son brillant œil bleu étincelant à travers un cercle d’or. Puis il passa l’Anneau au bout de son petit doigt et l’éleva vers la lumière de la chandelle. Pendant un moment, les Hobbits ne remarquèrent rien d’étrange. Puis ils eurent le souffle coupé : il n’y avait aucun signe de disparition de Tom! » (tome 1, page 184)

Cadeau de l’avent du 3 décembre :

« Arthur et les Minimoys », roman de fantasy pour jeunes adultes, Luc Besson, 4 tomes.

J’ai tellement aimé cette série de livres! C’est l’histoire d’un petit garçon qui part à la découverte d’un monde caché dans le gazon. Les Minimoys sont un peuple tout mignon que j’adore! Pour jeunes et moins jeunes, plaisir assuré.

Extrait : « “Pour rejoindre le pays des Minimoys, il faut que tu saches quel jour aura lieu le prochain passage. Il n’y en a qu’un seul par an. Pour le savoir, il faut prendre le calendrier universel qui est sur mon bureau et compter la dixième lune de l’année. La nuit de la dixième lune, à minuit précis, la lumière s’ouvrira vers le pays des Minimoys.” Arthur n’en croit pas ses oreilles. Tout ce qu’il imaginait était donc vrai. Le trésor caché, les Minimoys et… la princesse Sélénia. » (tome 1, page 74)

Cadeau de l’avent du 4 décembre :

« Les cathares », Essai, Anne Brenon, 2007, 289 pages.

Je me suis intéressée aux cathares quand j’ai visité le sud de la France. Tous ces châteaux en ruines me fascinaient et j’avais envie d’en apprendre plus sur ce « peuple » persécuté. Dans une petite ville, où bizarrement je suis passée trois fois, on m’a recommandé la lecture de Anne Brenon et Michel Roquebert. La lecture est un peu lourde, mais combien intéressante!

Extrait : « Si l’on voulait, en quelques mots, décrire le destin de l’hérésie médiévale dite cathare, ce serait par l’image d’un fossé qui se creuse. Entre deux conceptions de la légitimité chrétienne, l’une et l’autre, l’une contre l’autre structurant sa différence. Qui a donné le premier coup de pioche? Qui a enclenché cette diabolique dialectique de la dénonciation et de l’exclusion qui, en deux ou trois siècles, allait amener à l’élimination de l’une de ces formes religieuses par l’autre? » (page 27)

Cadeau de l’avent du 5 décembre :

« L’épée de vérité », roman de fantasy, Terry Goodkind, 17 tomes, trop de pages pour les compter!

Ah! Cette série, je l’ai adorée! En fait, elle n’est pas encore terminée… On suit l’histoire de Richard, qui change son destin un peu beaucoup malgré lui. Il devient un personnage important qui a le pouvoir (politique et magique) pour régner et changer les gens et les évènements dans la direction du bien. Il faut être motivé à lire une série de briques, mais le détour vaut bien les apprentissages qu’on y fait. Les leçons du sorcier peuvent aussi s’appliquer aux simples humains!

Extrait : « — Zedd, demanda Khalan, avez-vous vraiment… hum… fait disparaître leurs attributs virils?
— Ce serait de la sacrée magie… Hélas, ça dépasse mes pouvoirs! Chère enfant, je les ai simplement convaincus de le croire! Dès lors, leur imagination a fait tout le travail!
— Alors, dit Richard, bizarrement déçu, ce n’était qu’un truc? Moi qui croyais que tu avais jeté un véritable sort…
— Parfois, un truc bien fait est plus efficace que la magie. J’irais même jusqu’à dire qu’un bon truc est déjà de la magie!
— Mais ça n’était qu’une illusion?
Zedd brandit de nouveau son index.
— Mon garçon, c’est le résultat qui compte! Avec ta méthode, ces hommes auraient perdu leurs têtes…
— Eh bien, dit Richard, amusé, je crois que certains auraient préféré ça au tour que tu leur as joué. C’est ce que tu voulais nous apprendre? Une illusion peut aussi bien marcher que la véritable magie? » (tome 1, La première leçon du sorcier, pages 127-128)

Cadeau de l’avent du 6 décembre :

« La frousse autour du monde », récits de voyage, Bruno Blanchet, 4 tomes, environ 175 pages chacun.

J’espère que vous connaissez Bruno! Moi, je suis tout ce qu’il fait : à la télé, sur internet, dans ses livres… Ce globetrotteur a toujours le mot pour rire. Il faut dire qu’il semble avoir un don pour attirer les drôles de zigotos. Une histoire rocambolesque après l’autre, il nous entraine dans des endroits du monde qu’on n’oserait pas visiter. Et pourtant! Je suis certaine qu’on deviendrait riche. Mais pas riche d’argent, par contre.

Extrait : « J’ai dit une mouche, mais je devrais plutôt dire un dard de camping avec des ailes, je ne suis pas certain, mais je crois que, chez nous, on appelle ça un bateau. Dans ses yeux, j’ai pu lire qu’elle avait peut-être une option sur ma viande blanche. En fait, c’est quand elle s’est léché les babines en me faisant un clin d’œil que j’aurais dû comprendre.
Je l’entendais me tourner autour depuis un moment — au début, je croyais qu’un Cessna s’amusait à tourner dans le ciel — mais c’est quand le son a cessé que j’aurais dû réagir. Les insectes carnivores, c’est comme les enfants tannants : c’est quand ils ne font plus de bruit qu’ils sont le plus inquiétants…
J’ai capoté. Je me suis vu dans une chambre d’hôpital pas de plafond, pas de plancher, sur un lit plein de morpions, faire 45 degrés de fièvre et être soigné avec des seringues rouillées.
À l’infirmerie de l’hôtel Horizon Backpacker, les gentilles responsables des “plasters” m’ont mis un moton de glace sur la bosse immense qu’a fait la piqûre. J’étais vert. Elles ont ri. » (tome 1, page 10)

Cadeau de l’avent du 7 décembre :

« Jardin de chair », roman d’horreur, Frédéric Raymond, 2014, 174 pages.

C’est l’histoire d’une cannibale dépressive qui tombe enceinte. Ça vous titille? Dans ce livre, l’horreur est beaucoup plus psychologique que graphique… même si on a plusieurs scènes sanglantes… On en vient même à s’attacher à la cannibale!

Extrait : « L’appétit vient en mangeant, sa mère le lui répétait souvent. Christabel aurait aimé lui prouver le contraire, mais la première bouchée avait l’étrange effet de lui ouvrir l’appétit. Elle avait fini par s’habituer à “faire l’épicerie”, comme le disait sa mère. Le monde n’était-il pas une grande boucherie? Quand elle était petite, Clara l’emmenait souvent en promenade. Ensemble, elles jouaient à repérer les “mets” les plus appétissants. Un peu comme le font beaucoup de gens, elles observaient la foule et inventaient des surnoms aux passants. » (page 41)

Cadeau de l’avent du 8 décembre :

« La langue rapaillée : combattre l’insécurité linguistique des Québécois », essai, Anne-Marie Beaudoin-Bégin, 2015, 119 pages.

Je vous ai déjà parlé de l’Insolente linguiste, vous vous souvenez? Elle a une page Facebook suivie par plus de 28 000 personnes, elle a été mon enseignante à l’université jadis naguère, comme elle dirait, et ses idées déconstruisent magnifiquement les préjugés que les gens véhiculent sur la langue française. Ce livre et sa suite, « La langue affranchie », sont deux petits bijoux incontournables. En plus, la préface est écrite par Samuel Archibald!

Extrait : « Cette langue, moyen de communication, outil de transmission du savoir, matériau artistique, vecteur d’identité, ce latin vulgaire élagué, cette langue de Louis XIV et des Lumières, cette langue de la Révolution tranquille et des Filles du Roy, elle est à nous. Récupérons-en toutes les dimensions, toutes les variations, tous les jugements et disons : “Voilà notre langue rapaillée.” » (page 12)

Cadeau de l’avent du 9 décembre :

« La Philosophie dans le boudoir », Marquis de Sade, 220 pages.

Oh là là! J’ose vraiment en vous présentant ce livre! Je ne sais pas trop comment classer cet ouvrage… roman? dialogues? théâtre? essai de libertinage? Toujours est-il que l’érotisme poussé à l’extrême ne s’adresse pas aux enfants lorsqu’il est écrit par le Marquis! J’ai lu ça il y a vraiment longtemps, je ne me souviens pas trop des détails de l’histoire. Par contre, l’impression que ma lecture m’a laissée, ça, je m’en souviens!

Extrait : « — Le chevalier : Dolmancé, ma sœur, vient d’atteindre sa trente-sixième année; il est grand, d’une fort belle figure, des yeux très vifs et très spirituels, mais quelque chose d’un peu dur et d’un peu méchant se peint malgré lui dans ses traits; il a les plus belles dents du monde, un peu de mollesse dans la taille et dans la tournure, par l’habitude, sans doute, qu’il a de prendre si souvent des airs féminins; il est d’une élégance extrême, une jolie voix, des talents, et principalement beaucoup de philosophie dans l’esprit. […]
— Mme de Saint-Ange : Comme tout cela m’échauffe! Je vais raffoler de cet homme. » (pages 14-15)

Cadeau de l’avent du 10 décembre :

« Histoire de l’Amérique française », essai historique, Gilles Harvard et Cécile Vidal, 2003, 560 pages.

J’ai reçu ce livre en cadeau. Rien d’extraordinaire… sauf que ça venait d’un Français de France! Peut-être que j’avais l’air de m’ennuyer de ma patrie, moi, la voyageuse? J’ai tout de même eu bien du plaisir à découvrir d’autres facettes de notre histoire. Le livre parle de toute l’Amérique, pas seulement du Canada, son développement, ses habitants, tout ce qu’il y a à savoir. C’est très bien écrit, mais surtout extrêmement bien documenté. Il y a 37 pages de notes, 10 pages de bibliographie et 19 pages d’index. De quoi vous occuper!

Extrait : « Les Français d’Amérique manifestent souvent leur admiration pour la médecine amérindienne, qu’ils s’efforcent de mieux connaître par curiosité scientifique ou à des fins thérapeutiques. On s’informe auprès des autochtones pour inventorier les nouvelles plantes et étudier leurs vertus curatives. Le médecin et naturaliste Michel Sarrazin au Canada, ou bien Le Page du Pratz en Louisiane, font expédier en France des centaines d’espèces végétales qui sont transplantées dans des jardins botaniques. Serait-il plus judicieux, à l’époque de Louis XIV, de tomber malade parmi les “Sauvages” d’Amérique que dans le château de Versailles, où le roi et ses courtisans sont régulièrement saignés et purgés? » (pages 232-233)

Cadeau de l’avent du 11 décembre :

« Une fêlure au flanc du monde », roman fantastique, Éric Gauthier, 2008, 525 pages.

On a de bons auteurs au Québec! Éric Gauthier en fait manifestement partie (en plus, il est super gentil!). Sa fêlure, c’est une histoire bizarre qui se passe en Abitibi. J’avoue avoir un petit faible pour cette région, ma famille vient de là. Les personnages sont aussi bizarres, mais ils sont vrais. On se demande presque si tout ça se peut pour vrai, dans la vraie vie. Une secte, de la magie, des amis… et les Cowboys fringants! Han? Par un bizarre concours de circonstances, j’ai associé la chanson « Pub Royal » du disque « Octobre » à cette fêlure au flanc du monde.

Extrait : « — Je peux partir? Sûrement qu’un gars a encore le droit de se parler tout seul sans déranger personne? À moins que la loi ait changé depuis que je suis parti…
— Vous avez déjà habité ici?
— Oui, ça vous surprend?
— Non, non. Vous songez à revenir vous installer ici, peut-être?
— Surtout pas. Je fais juste passer.
— Je peux vous demander ce qui vous ramène en ville?
— Ça dépend. Est-ce que c’est de vos affaires? » (pages 82-83)

Cadeau de l’avent du 12 décembre :

« Germinal », roman, Émile Zola, 502 pages.

C’était une lecture obligatoire au cégep. J’ai quand même dévoré le livre et adoré l’histoire. C’est dans une mine que se passent des trucs de société, une grève, des pourparlers, pas d’issue, un soulèvement, des morts… Rien de bien jojo, mais tellement bien écrit. J’ai le gout de le relire, ce Germinal.

Extrait : « Il ne comprenait bien qu’une chose : le puits avalait des hommes par bouchées de vingt et de trente, et d’un coup de gosier si facile, qu’il semblait ne pas les sentir passer. Dès quatre heures, la descente des ouvriers commençait. Ils arrivaient de la baraque, pieds nus, la lampe à la main, attendant par petits groupes d’être en nombre suffisant. Sans un bruit, d’un jaillissement doux de bête nocturne, la cage de fer montait du noir, se calait sur les verrous, avec ses quatre étages contenant chacun deux berlines pleines de charbon. Des moulineurs, aux différents paliers, sortaient les berlines, les remplaçaient par d’autres, vides ou chargées à l’avance des bois de taille. Et c’était dans les berlines vides que s’empilaient les ouvriers, cinq par cinq, jusqu’à quarante d’un coup, lorsqu’ils tenaient toutes les cases. Un ordre partait du porte-voix, un beuglement sourd et indistinct, pendant qu’on tirait quatre fois la corde du signal d’en bas, “sonnant à la viande”, pour prévenir de ce chargement de chair humaine. Puis, après un léger sursaut, la cage plongeait silencieuse, tombait comme une pierre, ne laissait derrière elle que la fuite vibrante du câble.
— C’est profond? demanda Etienne à un mineur, qui attendait près de lui, l’air somnolent.
— Cinq cent cinquante-quatre mètres, répondit l’homme. Mais il y a quatre accrochages au-dessus, le premier à trois cent vingt.
Tous deux se turent, les yeux sur le câble qui remontait. Etienne reprit :
— Et quand ça casse?
— Ah! quand ça casse… » (page 51)

Cadeau de l’avent du 13 décembre :

« Le chardon et le tartan », roman de fantasy, Diana Gabaldon, 9 tomes, trop de pages pour les compter!

C’est d’autant plus difficile de compter les pages, parce qu’il y a beaucoup de formats de livres différents, les tomes sont séparés en plusieurs parties, ça peut être difficile de s’y retrouver. Toujours est-il que j’ai lu cette série avec amour! Haha! C’est l’histoire d’une femme qui voyage dans le temps en passant à travers des cercles de pierres et qui tombe amoureuse d’un vaillant Highlander à la vie rude. Je vous recommande aussi la série télé, elle est extrêmement bien faite.

Extrait : « Nous avions choisi les Highlands pour nous reposer un peu avant que Frank ne prenne son poste de professeur d’histoire à Oxford. L’Écosse avait été moins touchée par les horreurs de la guerre que le reste du pays. En tant que lieu de villégiature, elle était également moins susceptible d’être prise d’assaut par les milliers de sujets britanniques résolus à célébrer le retour de la paix dans une liesse frénétique.
En outre, je crois que nous pensions tous deux secrètement que les Highlands étaient un choix symbolique pour nos retrouvailles. C’était ici que, sept ans plus tôt, nous nous étions mariés et avions passé notre lune de miel de deux jours, à la veille de la guerre. C’était donc l’endroit idéal pour nous redécouvrir. Hélas, nous avions oublié que si le golf et la pêche étaient les sports favoris des Écossais, les commérages étaient également une des activités principales dans les chaumières. Et lorsqu’il pleut tout au long de la sainte journée, les gens passent plus de temps dans les chaumières que sur le green ou au bord de la rivière. » (tome 1, page 14)

Cadeau de l’avent du 14 décembre :

« L’alliance de la brebis », autobiographie, Gabrielle Lavallée, 444 pages.

L’auteure a été victime d’une secte pendant douze ans, celle de Moïse Roch Thériault. C’est une lecture extrêmement troublante, et on se demande toujours comment de telles atrocités sont possibles. L’humain n’est plus un humain, c’est inadmissible. J’ai fait dédicacer le livre par l’auteure à un salon du livre, mais je n’ai jamais su quoi lui dire.

Extrait : « Il s’avance. Ils sont quatre, mais je ne vois que lui. Un peu voûté, mais plein de prestance, dans la trentaine, il porte une courte barbe brune. Je le détaille jusqu’à ce que je croise ses prunelles d’un bleu qui me rappelle celui du ciel. Incapable de supporter son regard, je baisse les yeux.
Comment faire pour le rencontrer?
Déjà une journée de passée. Faisant la queue à la cafétéria, je le vois poser son plateau sur une table. J’espère avoir la chance de m’installer en face de lui. Mon plateau à bout de bras, je m’avance. La place est libre mais au dernier moment je n’ose m’y installer. Au lieu de ça, je m’assieds face à lui, mais une table plus loin, comme par hasard. Il m’adresse un signe de reconnaissance. Mon cœur bat. Il faut que je lui parle, je me décide. » (pages 13-14)

Cadeau de l’avent du 15 décembre :

« Le monde de Narnia », roman, C. S. Lewis, 7 tomes, 869 pages.

Quelle belle série de livres! Moi, j’ai le gros livre, celui qui contient tous les tomes. Vous avez peut-être vu les adaptations en films? C’est l’histoire de quatre enfants qui passent à travers une armoire et qui atterrissent à Narnia. Ce royaume où les animaux parlent, où les gens sont parfois gentils parfois non, où l’on se demande si c’est la réalité ou la fiction. Pour jeunes et moins jeunes!

Extrait : « En regardant à l’intérieur, elle vit plusieurs manteaux suspendus, pour la plupart de longs manteaux de fourrure. Or, il n’y avait rien que Lucy aimât autant que l’odeur et le contact de la fourrure. Elle entra sans hésiter dans l’armoire, s’enfonça parmi les manteaux et frotta son visage contre eux, tout en laissant la porte ouverte, bien entendu, parce qu’elle savait qu’il était très sot de s’enfermer dans une armoire, quelle qu’elle soit. Elle s’enfonça davantage et découvrit qu’il y avait une deuxième rangée de manteaux, pendus derrière la première. Il faisait presque noir, là-dedans, et elle gardait les bras tendus devant elle afin de ne pas se cogner la figure contre le fond de l’armoire. Elle fit encore un pas — puis deux ou trois — s’attendant toujours à sentir le panneau de bois contre ses doigts. Mais elle ne le rencontrait pas. » (page 119)

Cadeau de l’avent du 16 décembre :

« Ru », récit autobiographique, Kim Thúy, 145 pages.

J’ai découvert l’auteure avec ce livre, que j’ai vraiment beaucoup aimé. J’ai aussi lu son deuxième, mais je me suis arrêtée là. J’étais déçue du deuxième, je l’avoue. N’empêche que « Ru », c’est une sorte de livre que je n’explore pas souvent. J’ai bien aimé la plume de Kim Thúy et j’ai aussi aimé connaitre son histoire de réfugiée vietnamienne. Mais la mise en page m’a un peu dérangée, avec tous ses espaces vides! Mon côté écolo, peut-être… Sa dédicace m’a même laissée un peu perplexe : « J’espère que vous le lirez jusqu’à la fin… ».

Extrait : « Je suis venue au monde pendant l’offensive du Têt, aux premiers jours de la nouvelle année du Singe, lorsque les longues chaînes de pétards accrochées devant les maisons explosaient en polyphonie avec le son des mitraillettes.
J’ai vu le jour à Saigon, là où les débris des pétards éclatés en mille miettes coloraient le sol de rouge comme des pétales de cerisier, ou comme le sang des deux millions de soldats déployés, éparpillés dans les villes et les villages d’un Vietnam déchiré en deux.
Je suis née à l’ombre de ces cieux ornés de feux d’artifice, décorés de guirlandes lumineuses, traversés de roquettes et de fusées. Ma naissance a eu pour mission de remplacer les vies perdues. Ma vie avait le devoir de continuer celle de ma mère. » (page 11)

Cadeau de l’avent du 17 décembre :

« Les Piliers de la Terre », roman historique, Ken Follett, 1050 pages.

Vous allez dire que j’aime les gros livres bien dodus! Eh oui! Ici, on parle d’architecture, de cathédrale, de magouilles, de politique, de guerre civile, de pouvoir… C’est un mille pages bien rempli, un livre qu’on n’a pas envie de fermer.

Extrait : « Les jeunes garçons arrivèrent de bonne heure pour la pendaison.
Il faisait encore sombre quand les trois ou quatre premiers d’entre eux s’étaient glissés hors de leur taudis, silencieux comme des chats dans leurs bottes de feutre. Une mince pellicule de neige fraîche recouvrait la petite ville, comme une couche de peinture neuve, et leurs empreintes furent les premières à en souiller la surface immaculée. Ils passèrent entre les huttes de bois serrées les unes contre les autres et suivirent les rues, où la boue avait gelé, jusqu’à la place du marché silencieuse où la potence attendait. » (page 13)

Cadeau de l’avent du 18 décembre :

« Harry Potter à l’école des sorciers », roman de magie, J. K. Rowling, 7 tomes, beaucoup de pages.

Qui ne connait pas Harry Potter? Que vous le connaissiez par les livres ou par les films, ce petit sorcier ne laisse personne indifférent. J’ai tellement hâte que ma grande fille soit prête pour les lire! Et j’aimerais bien pouvoir les lire pour la première fois…

Extrait : « — Navré, grommela-t-il au vieil homme minuscule qu’il avait manqué de faire tomber.
Il se passa quelques secondes avant que Mr Dursley se rende compte que l’homme portait une cape violette. Le fait d’avoir été ainsi bousculé ne semblait pas avoir affecté son humeur. Au contraire, son visage se fendit d’un large sourire tandis qu’il répondait d’une petite voix perçante qui lui attira le regard des passants :
— Ne soyez pas navré, mon cher Monsieur. Rien aujourd’hui ne saurait me mettre en colère. Réjouissez-vous, puisque Vous-Savez-Qui a enfin disparu. Même les Moldus comme vous devraient fêter cet heureux, très heureux jour!
Le vieil homme prit alors Mr Dursley par la taille et le serra contre lui avant de poursuivre son chemin.
Mr Dursley resta cloué sur place. Quelqu’un qu’il n’avait jamais vu venait de le prendre dans ses bras. Et l’avait appelé “Moldu”, ce qui n’avait aucun sens. Il en était tout retourné et se dépêcha de remonter dans sa voiture. Il prit alors le chemin de sa maison en espérant qu’il avait été victime de son imagination. C’était bien la première fois qu’il espérait une chose pareille, car il détestait tout ce qui avait trait à l’imagination. » (pages 11-12)

Cadeau de l’avent du 19 décembre :

« Lettres de mon moulin », recueil de nouvelles, Alphonse Daudet, 250 pages.

J’ai trouvé une vieille édition toute déchirée dans une librairie usagée en France. Je n’ai pu résister. Surtout que je me trouvais à Fontvieille, devant ce fameux moulin de Daudet. De la célèbre chèvre de monsieur Seguin à l’Arlésienne, les courts textes sont des petits bijoux. Surtout quand on est juste à côté du moulin!

Extrait : « M. Seguin n’avait jamais eu de bonheur avec ses chèvres.
Il les perdait toutes de la même façon; un beau matin, elles cassaient leur corde, s’en allaient dans la montagne, et là-haut le loup les mangeait. Ni les caresses de leur maître, ni la peur du loup, rien ne les retenait. C’était, paraît-il, des chèvres indépendantes, voulant à tout prix le grand air et la liberté.
Le brave M. Seguin, qui ne comprenait rien au caractère de ses bêtes, était consterné. Il disait :
“C’est fini; les chèvres s’ennuient chez moi; je n’en garderai pas une. ”
Cependant il ne se découragea pas, et, après avoir perdu six chèvres de la même manière, il en acheta une septième; seulement, cette fois, il eut soin de la prendre toute jeune, pour qu’elle s’habituât mieux à demeurer chez lui. » (page 32)

Cadeau de l’avent du 20 décembre :

« Morlante », roman, Stéphane Dompierre, 154 pages.

Une histoire de pirate? Oh que oui!! Morlante est un écrivain qui est aussi, à ses heures, un pirate sanguinaire. Il défend les bateaux, les attaque aussi, avec humour et plaisir. Ce que j’ai aimé ce livre! Je fais la commande à l’auteur : je veux la suite!

Extrait : « À la lueur d’une ou deux bougies, penché sur une table de travail, je remplis des calepins de mon écriture soignée. Le silence et la solitude sont propices à l’invention de ces fables que certains beaux parleurs feront ensuite passer pour véridiques. Ils se les approprieront, les raconteront de mémoire dans les auberges, en se donnant le rôle de l’homme courageux qui a affronté le danger en le regardant droit dans les yeux. Mais ces hommes-là sont rares, dans la vie comme dans mes livres. Je dirais même qu’il aura fallu les inventer sur papier pour qu’on en vienne à s’en inspirer dans la vraie vie. » (pages 18-19)

Cadeau de l’avent du 21 décembre :

« Ramsès », roman historique, Christian Jacq, 5 tomes.

J’ai découvert l’Égypte avec cet auteur qui a lui-même beaucoup étudié l’égyptologie. Les cinq tomes parlent du long règne de Ramsès, qui commence vers 1279 avant J.-C. Ça se lit tout seul, vraiment. Après, j’ai enchainé avec « Le juge d’Égypte » en trois tomes et « La Reine Liberté » en trois tomes aussi. Allez-y, vous aimerez.

Extrait : « Le taureau sauvage, immobile, fixait le jeune Ramsès.
La bête était monstrueuse; les pattes épaisses comme des piliers, de longues oreilles pendantes, une barbe raide à la mâchoire inférieure, la robe brun et noir, elle venait de sentir la présence du jeune homme.
Ramsès était fasciné par les cornes du taureau, rapprochées et renflées à leur base avant de se recourber vers l’arrière puis de se diriger vers le haut, formant une sorte de casque terminé par des pointes acérées, capables de déchirer la chair de n’importe quel adversaire.
L’adolescent n’avait jamais vu taureau si énorme. » (page 13)

Cadeau de l’avent du 22 décembre :

« Hanaken », roman historique pour jeunes adultes, Geneviève Blouin, 3 tomes.

Une autre auteure québécoise qui vaut le détour. Ses trois « Hanaken » parlent de samouraïs du Japon. C’est une grande histoire d’aventures où les scènes de combat au sabre sont enlevantes. Les personnages sont attachants et on les voit grandir au fil des livres. Le premier tome est illustré, ce qui nous donne un petit bonbon, juste pour mieux voir ce qu’on lit.

Extrait : « Le soleil printanier est chaud et le sol de la clairière, encore gorgé des pluies de l’hiver, désagréablement spongieux sous les sandales de Yukié. Si elle s’exerçait avec ses frères plutôt qu’avec Misaki, sa sœur aînée, elle se serait rendue dans le pré, plus près du centre du village. Là-bas, le sol est toujours sec et il est agréable d’y marcher.
Cependant Misaki refuse d’y aller. Elle ne veut pas qu’on la voie s’exercer au combat. Elle dit que c’est inconvenant pour une fille de se donner en spectacle. D’ailleurs, elle n’accepte de s’entraîner qu’avec Yukié. Elle ne supporterait pas que des hommes la voient transpirer. Yukié trouve ses idées ridicules, mais elle se plie toujours à ses demandes. C’est son devoir de petite sœur.
De toute façon, ce n’est pas une corvée difficile. Misaki ne se bat pas très habilement. Pour la fille d’un maître d’armes, l’homme qui enseigne le combat à tous les samouraïs du clan, c’est honteux. Ce matin, elle aurait pu tenir une lance “naginata” à pointe de fer au lieu de sa lance d’entraînement en bois et elle n’aurait même pas égratigné Yukié. » (pages 15-16)

Cadeau de l’avent du 23 décembre :

« Aliss », roman fantastique, Patrick Senécal, 521 pages.

Le conte « Alice au pays des merveilles » a été revisité par Patrick Senécal. De tous les livres de cet auteur, c’est mon préféré. Encré dans la réalité et dans l’imaginaire en même temps, ça m’a beaucoup parlé, ce livre. Et que dire de prendre le thé, l’été!

Extrait : « Je traverse le pont.
Drôle de feeling. Pas d’emprunter le pont Jacques-Cartier comme tel (je l’ai quand même fait une centaine de fois), mais de le traverser en sachant que je ne le reprendrai plus. Pas avant un bon bout de temps, en tout cas. Le fleuve Saint-Laurent, les poutres de métal toutes rouillées, la tour de Radio-Canada, la grosse enseigne de Molson, les “buildings” du centre-ville… Je les ai jamais regardés avec autant d’attention.
— Je te laisse où, la grande?
— N’importe où.
Première fois que je fais du pouce, aussi. Mes parents seraient pas contents. De toute façon, ils sont pas contents en ce moment même. Je leur ai annoncé la grande nouvelle. Depuis deux semaines ma décision est prise, mais j’ai attendu la fin des cours. En fait, j’ai surtout attendu aujourd’hui, le 25 mai, jour de ma fête. Le jour de mes dix-huit ans. Symboliquement, je trouvais ça intéressant. En plus, c’est l’an 2000. Dix-huit ans en l’an 2000 : c’est pas un hasard. C’est un signe. Une preuve que je prends la bonne décision. » (pages 7-8)

Cadeau de l’avent du 24 décembre :

« La colère des dieux », roman historique, Daniel Kircher, 447 pages.

Je réalise après coup que ça fait drôle de vous présenter un titre de livre comme ça pour le dernier du calendrier! Mais bon, ça n’a pas de lien avec Noël. L’histoire se passe en Crète quinze siècles avant J.-C. Est-ce une légende ou la simple réalité? Toujours est-il qu’on rencontre le grand Minos, la prêtresse Pasiphaé, le fil d’Ariadne, le Minotaure…

Extrait : « Au mois de Khoïak, pendant les fêtes de la résurrection de Tammouz, Byblos prenait, s’il était possible, un aspect encore plus grouillant et plus affairé que d’habitude.
En dix ans d’occupation pharaonique la grande cité phénicienne avait prospéré. Mais pour les Égyptiens eux-mêmes n’était-elle pas une ville sainte? Tammouz n’était-il pas un autre nom d’Osiris?

Sur son rivage avait échoué le coffre contenant le corps du dieu assassiné par son frère Seth. Là, un tamaris avait poussé, l’entourant de ses branches, le protégeant de son bois. Puis l’arbre contenant les restes sacrés, abattu, devint pilier dans le palais royal, jusqu’au jour où Isis la veuve éplorée put pénétrer comme servante chez le roi. Celui-ci lui fit don de l’arbre et du corps de son époux après l’avoir surprise en train de voleter éperdument autour du pilier mystérieux sous la forme d’une colombe. Alors, depuis l’époque des bâtisseurs des pyramides, les Égyptiens offraient des cadeaux ou se rendaient en pèlerinage au Temple de la Dame de Byblos. » (page 13)