Écrire au bon public

Quand on écrit un texte, c’est pour se faire comprendre par quelqu’un.

Évident, non ?

Mais pour bien se faire comprendre, il faut s’adresser au bon groupe de personnes (ou comme je dis dans mon jargon, au bon public cible). On ne parle pas aux scientifiques de la même manière qu’on parle aux enfants, vous serez d’accord.

C’est quoi, un public cible ?

Il convient d’abord de savoir ce qu’est un public cible. Sans vouloir marteler le clou, un public cible, c’est un groupe de personnes qui partage des intérêts ou des valeurs et à qui nous voulons dire quelque chose de précis.

Les possibilités sont grandes… Par exemple, ce pourrait être un public de scientifiques en biologie, d’enfants du primaire, de femmes enceintes, de chefs d’entreprise, d’étudiants en administration… Tout dépend à qui vous voulez parler.

Que doit-on lui dire ?

Et que veut-on lui dire, à ce public cible ? N’importe quoi, pardi !

En fait, pas exactement n’importe quoi. Vous lui direz quelque chose qui vous importe à vous, d’abord, puis qui a des chances de l’intéresser, lui aussi. Je dis souvent qu’on peut dire n’importe quoi à n’importe qui, tout dépend de la manière de le faire.

Comment doit-on lui dire ?

La façon d’écrire à notre public sera adaptée en fonction de trois points importants :

1. L’angle : C’est la manière de présenter le sujet à un public en particulier.

Par exemple, si l’on veut parler d’économie à des femmes enceintes, on prendra peut-être l’angle des enfants, c’est-à-dire les aspects de l’économie qui sont liés à la famille ou à l’éducation. Par contre, si l’on veut parler d’économie à des hommes d’affaires, on prendra peut-être plus l’angle des profits ou du bilan passif-actif.

2. Le ton : C’est la manière de s’adresser à un public.

Sera-t-on formel, léger, drôle, sérieux… ? Par exemple, un ton ludique et léger pour parler avec des enfants du primaire, ou un ton plus formel pour s’adresser à la classe politique. Je sais, c’est stéréotypé, mais c’est pour vous donner une idée générale. Parce que si l’on désire utiliser la légèreté avec les politiciens, pourquoi pas ?

3. Le registre de langue : C’est le type de vocabulaire utilisé pour s’adresser à un public.

Utilisera-t-on un vocabulaire courant, familier, populaire, technique, scientifique, spécialisé… ? Pour un même sens, ou presque, on peut utiliser plusieurs mots. Par exemple, le verbe écrire (du registre courant) a plusieurs synonymes : « coucher sur le papier » associé au registre soutenu, « pondre, scribouiller » associés aux registres familier et péjoratif, ou « marquer, composer » associés au registre courant.

Angle, ton et registre de langue

Registre ou niveau de langue ?

Dans les faits, un registre de langue est la même chose qu’un niveau de langue. Mais moi, je préfère utiliser le « registre », que je trouve plus neutre. Je sens une certaine connotation négative, une certaine orientation de supériorité ou d’infériorité avec le « niveau » de langue. Comme si le « niveau » populaire était inférieur au « niveau » courant. Chose avec laquelle je ne suis pas d’accord.

Tous les registres sont légitimes et méritent d’exister. C’est simplement l’utilisation qu’on en fait qui change. D’instinct, je me vois mal dire à un groupe d’ingénieurs civils que mon métier consiste à scribouiller… Bien que ce soit vrai, pour me faire comprendre plus facilement et éviter les jugements hâtifs, j’utiliserai plutôt le terme courant, et je leur dirai que j’écris des textes.

Rappelez-vous, plus on se rapproche de notre public cible, plus on a de chances de faire passer notre message.